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Point macroéconomique

La hantise de l’élection présidentielle

Par 8 avril 2022avril 20th, 2022No Comments

C’est l’angoisse de la bourse parisienne tous les 5 ans depuis 2002, et tous les 7 ans auparavant : l’élection présidentielle française. Les plus de 40 ans se souviennent du 11 mai 1981, au lendemain du sacre de François Mitterrand, candidat socialiste en coalition avec le parti communiste. Ce fut la panique au Palais Brongniart, où les cotations ouvrirent avec plus d’une demi-heure de retard. Les ventes furent si massives que de nombreuses valeurs ne pouvaient pas être cotées: un vrai massacre pour les titres en ligne de mire d’une potentielle nationalisation. Seules une dizaine de sociétés, épargnées par ce raz de marée rose-rouge, virent leurs cours de bourse baisser « seulement » de 7 à 12 %. Selon l’INSEE, la seule institution responsable de mesurer les variations de la bourse, le marché parisien aura perdu près d’un quart de sa valeur en 3 séances et plus de 30 % en plus d’un mois, après la victoire écrasante de cette vague socialocommuniste aux élections législatives.

L’ironie du sort est que ce calvaire a duré deux ans, jusqu’à l’adoption d’un plan de rigueur dès 1982 et le maintien de la France dans le Système Monétaire Européen (SME). S’en suivront les plus belles années boursières de mémoire d’agents de change. Finalement, le premier septennat du si redouté François Mitterrand s’est soldé par un bond de plus de 250 % de la bourse de Paris et le second, mesuré par le tout nouvel indice CAC40, par une performance, dividendes réinvestis, de plus de 100 %. À titre de comparaison, pendant les deux mandats de Jacques Chirac, les gains ont été de 300 % pour l’indice CAC40 dividendes réinvestis.

Aujourd’hui, l’incertitude pour les actionnaires n’est plus l’élection d’un candidat socialiste, mais l’émergence d’un candidat extrémiste, qualifié pour le second tour. Ce fut le cas en 2002, où la bourse avait baissé entre les deux scrutins de plus de 5 %. En 2017, comme cette année, l’angoisse est apparue la semaine avant le premier tour, où le marché avait baissé de plus de 2 %. À l’époque, la qualification d’un candidat pro-européen avait été saluée par une performance de plus de 8 % entre les deux tours. Cette année, quels que soient les scores au premier scrutin, l’issue finale dépendra du niveau de l’abstention, du front républicain et de l’unité des partis extrémistes. Ces trois facteurs-clés peuvent faire déjouer les pronostics et devraient potentiellement peser sur les cours des actions jusqu’à la nomination du ou de la future chef(fe) de l’État. Au-delà de l’insécurité, l’inflation qui rogne le pouvoir d’achat des ménages sera probablement le sujet de préoccupation principal des électeurs. Après la pandémie et l’invasion de l’Ukraine ayant fait flamber le cours de nombreuses matières premières notamment agricoles, voici que la météo s’en mêle. Il a été enregistré cette semaine les températures les plus basses pour un mois d’avril depuis 1947. Les bourgeons ont gelé, et il faudra dire adieu aux abricots et au chasselas à un prix abordable cet été !