Skip to main content
Point macroéconomique

Record battu !

Par 28 avril 2023mai 2nd, 2023No Comments

La semaine écoulée a été très chargée en publications de résultats d’entreprises. De ce fait, la macroéconomie a été un peu mise de côté par les investisseurs, même si celle-ci confirme un ralentissement outre-Atlantique, avec une croissance du PIB pour le premier trimestre évaluée à +1,1 %, et une consommation toujours mal orientée, en régression de 4,2 % sur un an glissant, comme en France en mars. Le chiffre que tout le monde retient désormais est celui du nouveau record historique de l’indice CAC 40 en séance, à savoir 7 581,26 points ce lundi 24 avril. Cette performance rend perplexe la plupart d’entre nous, dans un contexte difficile au quotidien, avec une inflation à 5,9 % sur un an glissant en mars et des prix alimentaires qui continuent de flamber. Une fois encore, les indices boursiers nationaux et internationaux ne sont pas le reflet exact de la situation domestique, car ils sont constitués, en grande partie, de champions internationaux, leaders dans leur domaine et capables de capter la croissance où elle se trouve, donc cette année surtout en Asie.

Les excellents chiffres de LVMH et Hermès International ont fait la une des journaux, mais beaucoup d’autres sociétés ont tiré leur épingle du jeu. Je trouve les exemples de Carrefour, de Nestlé et de Michelin très intéressants, car ils sont l’illustration d’entreprises capables d’exercer leur pouvoir de fixation des prix pour protéger leurs marges. Le grand distributeur a publié un chiffre d’affaires de 22,1 milliards d’euros au premier trimestre, en amélioration de 13 %. En France (46 % du total), la situation est plus difficile, avec une progression de 7,1 % à périmètre de magasins comparable et hors carburant, qui s’explique par une contraction de 3,4 % du non-alimentaire et une performance positive de 8,3 % de l’alimentaire. Le groupe avoue que l’inflation est le principal facteur qui explique cette hausse en trompe-l’œil de l’activité. Nestlé affiche des revenus de 23,47 milliards de francs suisse au premier trimestre, avec une croissance organique de 9,3 % et une hausse des prix de de 9,8 %. L’effet volume a été négatif de 0,5 %, mais moins que redouté. Michelin, qui souffrait terriblement dans le passé dans des périodes de crise, a annoncé des ventes consolidées en hausse de 7,4 %, mais une baisse de 6,6 % de ses volumes, plus que compensées par un effet prix-mix positif de 12,3 % reflétant la qualité et la performance des produits du groupe. Autrement dit, l’inflation a permis à tous ces acteurs de masquer une situation intrinsèque plutôt morose.

Toutes ces surprises positives expliquent pourquoi, malgré un pessimisme ambiant sur l’évolution de l’activité pour le second semestre, les anticipations de baisse des bénéfices par action pour l’année 2023 en Europe sont faibles (à peine d’un pourcent pour l’indice Stoxx Europe 600, alors qu’elles étaient de 3 % en mars). C’est le principal soutien des marchés d’actions qui battent des records, alors que nous sommes dans une phase de contraction des volumes, avec une valorisation raisonnable à 13,3 fois les profits de l’année en cours. Soudain, je me rappelle mes manuels de finance, qui affirmaient que dans une période d’inflation, il faut détenir des actifs à revenus variables et non à revenus fixes. À l’époque les grandes valeurs technologiques n’existaient pas. Or celles-ci ont publié cette semaine de beaux résultats, à l’image de Microsoft et de Meta Platforms. La première a dégagé un résultat net de 18,3 milliards de dollars au premier trimestre, pour des revenus de 52,9 milliards. L’activité liée au cloud, en hausse de 27 % est le principal moteur de croissance de la société, qui compense la décroissance dans les équipements. Quant à Meta Platforms, le bénéfice par action est ressorti à 2,20 dollars contre un consensus à 2,03 dollars.