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Point macroéconomique

NVIDIA : « Simply The Best » !

Par 26 mai 2023mai 30th, 2023No Comments

Sommes-nous dans une ère de transition informatique, comme l’affirme la société ? Nvidia vient de publier ses résultats financiers du premier trimestre, et le titre a ouvert, ce jeudi 25 mai, en hausse de 26 % à la bourse de New-York. Ce fait serait anodin si ce n’était pas la cinquième plus grosse capitalisation américaine, derrière Apple, Microsoft, Alphabet et Amazon. La création de richesse, sur la base du cours de clôture, donne le tournis : 184 milliards de dollars. Pourquoi tant d’engouement pour cette valeur, dont le titre s’est apprécié de 160 % depuis le début d’année ? Tout simplement, parce que le marché a mal estimé la croissance de chaque division de cette entreprise.

Nvidia a été créée en 1993 à Santa-Clara en Californie, dans l’idée que les PC allaient devenir incontournables pour les jeux vidéo et le multimédia. Cette activité historique a catégorisé la société parmi celles bénéficiant des différents confinements, avec une demande accrue de nouveaux ordinateurs et tablettes, ainsi que de jeux vidéo. Favorisé par cette nouvelle tendance, le titre avait fait un superbe parcours, passant de 50 $ le 16 mars 2020, à 145 $ le 6 novembre 2020, avant les données cliniques du vaccin anti- Covid. Après quelques trimestres de consolidation, le cours de bourse est reparti fortement à la hausse, pour atteindre 333 $, le 29 novembre 2021, porté par la reprise économique et une pratique démocratisée et courante du télétravail. Depuis ce sommet, le titre a subi la désaffection des investisseurs, dans le sillage de la hausse de l’inflation et des anticipations de récession, avec un point bas récent de 112 $ le 14 octobre 2022.

Historiquement, Nvidia fabriquait des processeurs graphiques, ou GPU (Graphics Processing Unit), un segment fortement lié à la consommation. C’est donc logiquement que la plupart des investisseurs se sont désintéressés de la valeur, mais ont nettement sous-estimé son positionnement sur une activité qui va révolutionner les prochaines décennies, et dont tout le monde parle : l’intelligence artificielle (IA). Pour satisfaire cette surconsommation de données, il faut des puces de nouvelle génération, appelées DPU (Data Processing Units). Selon NVIDIA, les DPU représenteront l’un des trois principaux piliers de l’informatique dans le futur. Le processeur (CPU) est destiné au calcul général, le GPU pour le calcul accéléré et le DPU transfère les informations dans le centre de données pour y être traitées. C’est un processeur de haute performance, programmable par logiciel et conçu pour accélérer des opérations spécifiques telles que l’IA. Il permet de traiter toutes les charges de travail dans n’importe quel environnement, du cloud aux centres de données, et constitue ainsi un maillon essentiel pour le futur du « cloud computing* ». Ce bijou technologique, commercialisé sous le nom BlueField, se négocie entre 1 000 et 2 000 $ l’unité.

Soudainement, tout s’emballe, voilà que la société publie des résultats bien au-dessus des attentes et surtout anticipe une accélération de ses revenus au deuxième trimestre à 11 milliards de dollars contre un consensus aux alentours de 7 milliards de dollars. Dans son communiqué, celle-ci affiche son optimisme et considère que nous sommes au tout début de l’ère de l’IA. Les analystes s’enthousiasment et révisent fortement leur objectif de cours et certains prédisent même que Nvidia prendra 80 % du marché lié aux centres de données. Les investisseurs raisonnables jettent l’éponge et jugent le titre trop cher à 54 fois les bénéfices par action 2023. Les optimistes l’achètent aujourd’hui pour le conserver précieusement ces prochaines années. Cet emballement tire tout le secteur lié à l’intelligence artificielle.

Cette publication est un véritable rayon de soleil au cours d’une semaine, où les marchés financiers ont nettement corrigé, avec les incertitudes liées au relèvement du plafond de la dette aux États-Unis et à la croissance chinoise qui s’essouffle. L’avenir nous dira si les propos de la direction de Nvidia relèvent plutôt d’une chimère ou d’une véritable épopée.

 

* Exploitation de la puissance de calcul ou de stockage de serveurs informatiques distants par l’intermédiaire d’un réseau.