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Point macroéconomique

DES CHIFFRES MACROÉCONOMIQUES PLUS FORTS QUE LE CORONAVIRUS ?

Par 7 février 2020février 20th, 2020No Comments

C’est un triste début d’année en Chine, sous le nouveau signe astrologique du « rat de métal ». On est très loin de l’enthousiasme et de la joie qui règne d’habitude en cette saison. La coupable est l’épidémie de ce jeune virus qui sévit durement. Le dernier bilan est de plus de 30 000 personnes contaminées et 636 décès. Depuis le 20 janvier, l’angoisse d’une pandémie potentielle faisait plonger les marchés. Brusquement cette semaine, ces derniers se sont nettement redressés, alors que le nombre de victimes n’a cessé de grimper. On peut trouver plusieurs explications à ce récent rebond. Tout d’abord, grâce à une réaction forte des autorités chinoises, les gros foyers viraux sont cantonnés, pour le moment, dans l’empire du milieu. Des mesures d’isolement, concernant quatre-vingts millions de personnes, permettent de contenir l’expansion géographique de ce fléau. De surcroît, les investisseurs, avides de statistiques, retiennent également un ralentissement du taux d’infection quotidien à moins de 20% actuellement contre plus de 50% les semaines précédentes. Certains estiment désormais à mi-mars le pic de l’épidémie, contre mi-mai pour d’autres. Enfin, on attendait un effondrement généralisé des bourses chinoises, pour ce lundi 3 février. Après une semaine de fermeture, l’indice FTSE China A50 a bien plongé de 8,59%. Cependant cette forte baisse était déjà anticipée par le cours des futures, qui sont restés ouverts pendant cette période de trêve. Elle était donc déjà intégrée par les opérateurs.

Les derniers chiffres macroéconomiques sur janvier ont également redonné le moral aux économistes. Ceux-ci ont été meilleurs que prévus des deux côtés de l’Atlantique. Ainsi, aux Etats-Unis et selon l’institut de recherche ADP, plus de 291 000 emplois ont été créés. C’est la donnée la plus élevée depuis mai 2015. Le sentiment des consommateurs, mesuré par l’Université du Michigan, a presque retrouvé ses plus hauts depuis un an à 99,8 contre 99,1 le mois précédent. Même le très redouté ISM manufacturier a fortement progressé. Celui-ci remonte à 50,9 et repasse donc au-dessus du seuil d’expansion de 50 pour la première fois depuis juillet 2019. Cet indicateur est désormais davantage en phase avec le PMI manufacturier récemment publié à 51,9. L’Europe, pour une fois, n’a pas été oubliée par cette vague positive. Les PMI des services et composite de la zone euro sont ressortis en hausse, respectivement à 52,5 contre 52,2 et 51,3 contre 50,9.

Cette tendance positive a eu pour conséquence, non seulement un retour vers les actifs risqués, mais aussi un nouvel épisode de rotation sectorielle vers les banques et les valeurs dites « value ». La saison des résultats se passant plutôt bien, des flux positifs sont revenus sur les marchés américains. On les attend toujours en Europe. Toutefois, si nous lancions la semaine dernière un appel à ne pas céder à la panique, nous restons pragmatiques et sur nos gardes. Un dilemme se pose désormais : faut-il rouvrir les usines en Chine, l’atelier du monde et notamment pour les composants de la technologie américaine, et donc risquer une propagation plus forte du coronavirus ? Le débat n’est pas encore tranché. De plus, les bons chiffres économiques récemment publiés ne vont-ils pas se dégrader en février ?