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Point macroéconomique

LA CHUTE DU DRAGON

Par 30 juillet 2021août 2nd, 2021No Comments

Elles sont le symbole de la réussite de la Chine. Les sociétés Alibaba, Baidu et JD sont mondialement connues et ont acquis une envergure internationale, avec pour certaines un chiffre d’affaires annuel supérieur à 100 milliards de dollars. Ces succès ont attiré les investisseurs étrangers. Nombre d’entre eux utilisaient les titres ADR (American Deposit Receipt), cotés aux États-Unis, pour devenir actionnaires et prendre part à ce nouvel eldorado. Un indice représentatif a été créé en 2003 et baptisé « Nasdaq Golden Dragon Index », en référence au signe astrologique chinois, synonyme de puissance et de chance. Il est actuellement constitué de 98 sociétés, quasi exclusivement chinoises et principalement dans les secteurs technologique et biotechnologique. Après avoir culminé le 16 février dernier à 20 688 points (soit une performance dividendes réinvestis de 800% depuis l’origine), c’est la Bérézina ! Le récent point bas du 27 juillet à 10 419 points représente une chute de presque de 50% en 5 mois.

Allons-nous revivre un scénario difficile pour les marchés développés, similaire à celui des étés 1998 et 2015 ?

En dépit de ressemblances, chaque crise est unique, avec des causes et des détonateurs spécifiques. La première était une crise du change, provoquée par la dévaluation des monnaies de pays asiatiques ayant à l’époque, pour certains, une parité figée au dollar, et provoquant une fuite gigantesque des capitaux étrangers. Depuis, la leçon a été retenue et ces États ont accumulées d’importantes réserves de changes, à la suite d’un rééquilibrage de leur balance des paiements. La seconde, spécifique à la Chine, a été provoquée par une bulle financière accumulée sur plusieurs trimestres qui a éclatée quand la croissance s’est mise à ralentir. La dévaluation du yuan, le 11 août, avait fait plonger les bourses occidentales. L’interdiction des ventes à découvert et une croissance économique stabilisée vers 6,8% fin 2015 (contre 7,6% mi 2014) avait mis fin à une baisse de plus de 40%.

Aujourd’hui, même si les indicateurs économiques marquent le pas, la croissance du PIB sur un an glissant ressort à 7,9% et les ventes de détail affichent une progression de 12,7% depuis l’année dernière. La véritable cause de cette chute des actifs financiers est politique. On a oublié que le capitalisme est toléré dans ce pays, tant que celui-ci ne fait pas d’ombre au pouvoir central. L’émergence de milliardaires comme Jack Ma, fondateur d’Alibaba, peut s’avérer être gênant, tout comme trop de libertés aux résidents de Hong-Kong, qui bénéficient d’un statut particulier jusqu’en 2047, mais qui sont désormais sous la menace d’une loi d’extradition depuis 2019. Cette fois-ci, sous la pression populaire, le gouvernement vient d’adopter une mesure obligeant chaque entreprise dans l’éducation à ne plus réaliser de profits dans leur activité. Les investisseurs étrangers sont officiellement interdits d’acquérir ou de détenir des participations dans ce secteur. Ils se sont mis à vendre tous leurs titres détenus dans tous les secteurs sans distinction. Ce genre de mouvement constitue historiquement un point d’entrée sur le moyen terme. Toutefois, sans mesure concrète positive, on ne peut pas dire où sera le point bas.